Les changements climatiques - un défi véritablement mondial:
"Les changements climatiques sont un autre grand défi qui est en train de transformer le visage du monde… un défi planétaire face auquel le monde ne peut pas se permettre d'être perdant", a déclaré le Dr Hamadoun Touré, Secrétaire général de l'Union internationale des télécommunications1 .
L'ampleur et les conséquences possibles des changements climatiques sont des thèmes qui font l'objet de vives controverses. Même si les vues divergent quant à leurs causes et à leurs incidences à long terme, de l'avis de la plupart des experts, la poursuite du modèle actuel de développement aura de graves conséquences sociales et économiques pour notre planète. Nous aurons tous à faire face à des problèmes, mais les plus vulnérables seront les pays qui dépendent étroitement de l'agriculture et de la pêche. De nombreuses espèces animales et végétales, dont les précieux habitats disparaîtront en raison des changements climatiques et de la hausse du niveau des mers, en seront victimes. Et les conséquences à long terme risquent bien d'être encore plus lourdes… pour nous tous.
Les questions environnementales revêtent des aspects différents, mais interdépendants, qu'il s'agisse de changement climatique ou de préservation des ressources, de rendement énergétique ou de gestion des déchets toxiques. Pour les changements climatiques, la question centrale est celle des émissions de gaz à effet de serre (GES) - retombées de l'activité industrielle et commerciale, par exemple de la production et de la consommation d'énergie, de la fabrication, du traitement des matières premières, de la production alimentaire et du trafic automobile. Dans son quatrième rapport, le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) des Nations Unies a estimé que les émissions de GES sur l'ensemble de la planète ont augmenté de 70% depuis 1970 et que la hausse du niveau et de la température des mers était en rapport avec cette augmentation.
Le secteur des TIC doit, lui aussi, réduire ses émissions…
L'industrie des TIC, qui est l'un des principaux secteurs économiques dans le monde, contribue, elle aussi, aux émissions de GES. Selon les estimations des experts, entre 2 et 2,5% des émissions, soit l'équivalent d'une gigatonne de dioxyde de carbone, sont causées par l'industrie des TIC, surtout par la consommation d'énergie électrique, non compris les équipements de radiodiffusion et de radiocommunication2.
Quel que soit le chiffre total, l'industrie - dont les consommateurs se comptent par milliards - reste l'une des principales sources d'émissions et une grande consommatrice d'énergie. Selon les estimations, quelque 40% des émissions du secteur des TIC seraient liées à l'utilisation de l'ordinateur, et 24% à celle des réseaux de télécommunication fixes ou mobiles. Un grand centre de traitement informatique peut avoir des besoins d'énergie électrique équivalents à ceux d'une ville moyenne. En fait, l'activité de tels centres est à l'origine de 23% du total des émissions, ce qui représente une importante concentration de la consommation dans un nombre de sites relativement limité3 et peut permettre la mise en œuvre de programmes ciblés d'optimisation de l'efficacité énergétique.
On ignore encore comment va évoluer la contribution du secteur des TIC aux émissions de gaz à effet de serre, compte tenu des deux forces antagonistes en présence. D'un côté, l'industrie prend conscience de la nécessité de rendre les appareils et technologies plus économes en énergie, pour limiter les émissions. Ainsi, les réseaux de prochaine génération (NGN) consomment, dans certains cas, une infime partie de ce que consommaient les réseaux antérieurs. D'un autre côté, avec la généralisation des TIC, les émissions de GES produites par le secteur vont augmenter plus vite, à mesure que davantage d'utilisateurs seront en ligne et que davantage d'appareils seront connectés en permanence.
L'année dernière, l'UIT avait prévu à juste titre que le nombre d'abonnements au mobile atteindrait cinq milliards dans le monde avant la fin de 2010. Cette augmentation phénoménale du taux de pénétration, associée aux applications très évoluées et gourmandes d'énergie rendues possibles par les technologies mobiles d'aujourd'hui, risque d'entraîner une augmentation de la consommation d'énergie par les utilisateurs si le secteur des TIC ne met pas en œuvre des solutions permettant l'utilisation la plus efficace possible de l'énergie et de la largeur de bande. D'après les prévisions de certains analystes, la consommation d'énergie du secteur des TIC, dans les seuls pays d'Europe, pourrait atteindre 10,5% de la totalité de la consommation d'énergie d'ici à 20184.
Mais les TIC peuvent faciliter la surveillance et le contrôle des émissions de GES...
Toutefois, le secteur des TIC a une spécificité: "s'il peut être à l'origine de 2,5% des émissions de GES, il peut aussi jouer un rôle fondamental dans le contrôle des 97,5% restants", souligne le Dr Touré. Ainsi, grâce aux réseaux large bande évolués, les entreprises et les particuliers peuvent utiliser moins fréquemment les transports aériens au profit de la visioconférence. Les méthodes de travail collaboratives vont encore se développer et les documents imprimés peuvent être remplacés par leur version en ligne. Avec le large bande, les "atomes" peuvent être remplacés par des "bits"; c'est ainsi qu'on télécharge un film en ligne au lieu d'acheter un DVD.
Les TIC permettent aussi d'assurer une meilleure surveillance et un meilleur contrôle de toutes sortes de systèmes. Les technologies hertziennes et les systèmes mondiaux d'observation jouent un rôle clef dans la surveillance des changements climatiques. En outre, les technologies de télédétection évoluées et les réseaux large bande peuvent être utilisés en association avec les réseaux électriques intelligents ainsi qu'avec des systèmes de contrôle de la fabrication et des processus pour contrôler et harmoniser la production et l'utilisation de l'énergie, en réduisant au minimum le gaspillage et la consommation de combustibles fossiles et de gaz à effet de serre. Les systèmes de véhicules intelligents permettront de réduire les émissions de gaz d'échappement, de raccourcir la durée des trajets et de diminuer la consommation d'énergie. Dans le monde entier, les réseaux TIC peuvent donner rapidement l'alerte en cas de changements climatiques et océanographiques, en temps réel, pour permettre aux pouvoirs publics de s'adapter et de réagir aux catastrophes naturelles.
Les changements climatiques et la cyberdurabilité ont de nombreuses facettes et appellent une grande variété de réactions. L'UIT, organisation intergouvernementale qui a pour spécificité de travailler avec la participation du secteur privé, est l'un des principaux coordonnateurs des initiatives visant à accélérer la réduction des émissions de GES en rapport avec les TIC, dans l'ensemble de ses activités.
Les initiatives propres à l'UIT sont les suivantes:
- L'UIT s'emploie à faire connaître le rôle des TIC dans l'optique d'un avenir à faible empreinte carbone et à promouvoir les échanges d'expériences et de bonnes pratiques auprès des défenseurs de l'environnement et des professionnels des TIC. Depuis 2008, l'Union a organisé une série de colloques sur les TIC, l'environnement et les changements climatiques à Kyoto, à Londres, à Quito, au Caire et à Accra, ainsi qu'un colloque virtuel accueilli par la Korea Communications Commission (KCC)5
- Dans son travail de normalisation, l'UIT est déterminée à élaborer des normes techniques (ou recommandations) qui satisfont aux exigences de durabilité environnementale et de rendement énergétique. La Commission d'études 5 de l'UIT-T, qui poursuit les travaux entrepris par le Groupe spécialisé sur les TIC et les changements climatiques, supervise les questions de normalisation liées à l'environnement et au changement climatique. Une récente recommandation relative à un chargeur universel a beaucoup fait parler d'elle: les utilisateurs pourront ainsi utiliser le même chargeur pour différents types de téléphone mobile.
- L'UIT joue un rôle déterminant dans la mise à disposition de fréquences radioélectriques pour faciliter une observation précise des changements climatiques. L'UIT, qui assure la gestion du cadre mondial régissant le spectre des fréquences radioélectriques, par l'intermédiaire de son Secteur des radiocommunications et de sa Conférence mondiale des radiocommunications , est chargée de veiller à ce que les ressources spectre-orbite nécessaires soient mises à disposition pour permettre une meilleure observation du climat, faciliter la prévision des catastrophes et améliorer les systèmes de secours en cas de catastrophe, grâce à l'utilisation des TIC.
- L'un des maîtres mots, lorsqu'il s'agit d'aider des pays à faire face aux répercussions des changements climatiques, est l'adaptation. Les petits Etats insulaires en développement et les pays côtiers à faible altitude sont victimes de la hausse du niveau des mers. L'UIT fournit des moyens TIC, qui sont intégrés dans les programmes nationaux d'adaptation aux changements climatiques. Ainsi, elle a conçu des systèmes d'alerte avancée qui jouent un rôle important dans l'atténuation des effets des catastrophes, dont beaucoup sont dues aujourd'hui aux changements climatiques.
En outre, s'ils sont bien conçus, les programmes nationaux de télécommunications d'urgence peuvent sauver des vies. L'UIT aide les pays à intégrer les questions liées aux changements climatiques dans ces programmes.
- Les cadres juridiques et réglementaires jouent un rôle important pour veiller au respect de codes, règles et procédures stricts par les entreprises et par les particuliers, afin de ne pas augmenter les émissions de GES. A cet égard, l'UIT fournit un appui aux pouvoirs publics dans ce domaine crucial, y compris en ce qui concerne la gestion des déchets électroniques.
- L'UIT est chargée, aux termes de la Résolution 182 (Guadalajara, 2010) de la Conférence de plénipotentiaires, de la Résolution 66 (Rév. Hyderabad, 2010) de la CMDT, de la Résolution 73 (Johannesburg, 2008) de l'AMNT, et des Résolutions 644 et 673 (Rév. CMR 07), de fournir un appui aux Etats Membres en leur donnant accès à divers matériels, kits pratiques et ressources de formation relatives aux changements climatiques.
- L'UIT, qui a pris une part active aux travaux sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, pour laquelle elle a fourni des compétences techniques, soutient la Global eSustainability Initiative (GeSI). Ce consortium rassemble des grandes entreprises de l'ensemble du secteur des TIC - y compris des prestataires de services de télécommunication, des équipementiers et des associations - et des organisations non gouvernementales déterminées à atteindre des objectifs en matière de durabilité au moyen de technologies innovantes.
- L'UIT a lancé en 2007 la Coalition dynamique sur l'Internet et le changement climatique (DCICC) - forum ouvert à tous dans le cadre duquel sont examinées des méthodes visant à modérer l'impact environnemental de l'Internet et son utilisation pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
- Enfin, en tant qu'organisation, l'UIT est pleinement déterminée à parvenir à la "neutralité climatique" et à sensibiliser l'opinion au rôle stratégique joué par les TIC dans la lutte contre le changement climatique. L'UIT adopte de nouvelles méthodes de travail encourageant la tenue de réunions sans papier et la participation à distance aux activités de l'Union, ainsi que l'adoption de bonnes pratiques qui peuvent ensuite être mises en commun avec d'autres organisations.
1 Déclaration du Secrétaire général de l'UIT au Segment de haut niveau de la session 2008 du Conseil de l'UIT.
2 McKinsey & Company pour le Climate Group et la Global eSustainability Initiative (GESI) "The impact of ICT on global emissions", novembre 2007.
3 Colloque de l'UIT sur les TIC et les changements climatiques, Equateur, 2009: ITU background report
4 Commission européenne: Communication concernant la mobilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) visant à faciliter le passage à une économie à haut rendement énergétique et à faible taux d'émission de carbone, mars 2009.
5 Vous trouverez de plus amples informations sur: http://1f8a81b9b0707b63-19211.webchannel-proxy.scarabresearch.com/ITU-T/worksem/climatechange/index.html
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